Une porte teintée de rouge, verrouillée à double tour donne sur la demeure des Adam. Sur l’un des murs de l’entrée, un boitier électronique affiche le visage des visiteurs qui osent aller sonner à l’appartement. Lorsque vous pénétrez à l’intérieur, vous vous retrouvez directement plongé dans le salon et la cuisine. En effet, la pièce étant immense, elle est séparée en deux espaces, afin d’utiliser la maximum de place.

Le salon est composé d’un canapé d’angle noir, posé en face d’un écran plasma. Devant ce fauteuil repose une petite table basse sur laquelle est disposé un bocal à poisson, dans lequel tourbillonne joyeusement une crevette, reflétant à merveille la logique du cadet des Adam. Les murs sont peints de blancs, les plinthes recouvertes de rouges, et un parqué ciré gris s’étend sur le sol. Au fond de la pièce se trouve une mezzanine. L’échelle permettant d’y accéder se trouve sur le côté droit du salon et débouche sur une bibliothèque et une grande table de travail où s’entassent ici et là des livres d’université et des albums pour enfants. Sous ce lieu en hauteur se cache une cuisine de style américaine, donc les couleurs sont accordées avec le reste de la salle. Une table se déplie sous le plan de travail et se règle selon le nombre de personnes qui viennent rendre visite à la fratrie.

Dans le salon ainsi que dans la cuisine, deux portes débouchent sur des chambres. La première donne sur l’antre de Phoenix. Au centre repose un lit deux places entouré d’un véritable capharnaüm. Des dessins sont accrochés aux murs, aux côtés de plusieurs photos prises à différentes périodes de sa vie. Dans un coin de la salle sont posés des livres et des classeurs, si bien que lorsque cette pile s’écroulera, le lieu sera envahie de papiers en tout genre. Les murs sont peints en noir, et une fenêtre donne vue sur l’une des rues marchandes.

La deuxième porte débouche sur la chambre du petit Adonis. Remplie de couleurs en tout genre, la pièce est digne des espérances d’un enfant de six ans. Des jouets jonchent le sol, des autocollants sont collés sur la fenêtre, et le lit est assez grand pour qu’on le confonde avec un trampoline. Néanmoins, la pièce est beaucoup mieux rangée que celle précédente. En effet, chaque objet à sa place définie, et l’enfant semble s’y tenir.

Les deux chambres sont reliées par une salle de bain où est installé tout le matériel sanitaire nécessaire, c est-à-dire une baignoire, des toilettes, un lavabo et un miroir dissimulant un placard à pharmacie.

L’appartement est grand, bien assez pour une jeune femme et un enfant.

Ce fut un bruit de verre brisé qui tira Phoenix des limbes du sommeil. Se redressant vivement, l’esprit embrumé, elle se prit les pieds dans les draps et se retrouva étalée à terre. Une pile de livres s’était renversée sur elle. Peut être aurait elle dû les ranger la veille. Au moins, c’était sur maintenant, elle était totalement réveillée. Elle se releva, laissant le bazar à terre en se disant qu’elle rangerait plus tard, et se dirigea vers la cuisine d’où avait jailli le bruit importun.

En équilibre entre une chaise et un plan de travail, Adonis regardait d’un air catastrophé les éclats de verre répandu sur le parqué. La jeune femme soupira. De la vaisselle brisée n’était rien comparé à l’œuf qu’il avait fait exploser aux micro-ondes la dernière fois. Son frère s’était assis sur la chaise, profitant du temps qu’elle avait utilisé pour contempler le meurtre du pauvre objet innocent. Du pied elle poussa la chaise, propulsant avec elle l’enfant afin qu’il ne s’entaille pas les pieds. Elle extirpa une pelle et une brosse d'un placard et nettoya, chose dont elle se serait bien passée étant une "bordélique" par nature. Quand elle eut fini, elle constata que son frère était parti se cacher dans sa chambre, espérant échapper aux réprimandes. Phoenix soupira, sachant qu’elle serait incapable d’hurler sur Adonis, ayant elle-même escaladé les meubles durant son enfance, et continuant régulièrement de grimper aux arbres. Qui était-elle pour lui faire la morale ? Elle décida d'oublier l'incident.

Jetant un coup d’œil à la pendule, elle se dit que prendre l’air ne leur ferait pas de mal. Elle se lava et s’habilla donc en quatrième vitesse avant d’aller voir son frère.

« Tu as dix minutes pour être propre de la tête aux pieds, brossé et habillé. On sort et on déjeunera en ville. Je meurs de faim, dit elle en posant ses mains sur son ventre afin d'appuyer ses dires. »

Adonis la regarda d’un air à la fois consterné et ravi. Il avait encore échappé aux punitions. Néanmoins, quelque chose l'avait fait tiqué, et il s'empressa de mettre en avant l'un des défauts de son interlocutrice.

« Peut-être que si tu ne te levais pas à midi tout les jours… »

Elle n'avait pas cours en ce moment, elle avait bien le droit d'en profiter, non ? Phoenix lui tira la langue, lui frotta les cheveux et lui demanda de s’exécuter avant qu’elle ne le traine de force dehors en pyjama et en hurlant pour attirer l’attention des passants qui s’éloigneraient en plaignant le pauvre petit maintenu en otage par une déficiente mentale.

Vingt minutes plus tard, la fratrie se glissait à l’extérieur, le garçonnet obligé de courir après sa sœur qui était si affamé qu’elle en volait presque.